Ce
Salon nous aura permis de nous visibiliser en tant que
trans', de porter nos revendications, de nouer des contacts
avec des personnes, des associations, des militantEs et
des politiques en Paca. Nous pensons particulièrement à Entre
Elles (06), L'Atelier de Rubens (13), Le Collectif Azuréen
pour les Droits des Orientations Sexuelles (CADOS, 06), etc…
Au
cours des échanges lors du Salon nous avons échangé avec
les autres groupes sur le thème de l'Expression d'identité de
genre. En gros, les homo ont effectué une révolution
de l'orientation sexuelle, les trans effectuent aujourd'hui
la révolution de l'identité de genre. Chaque
groupe semblant avoir trouvé un
"créneau" propre à sa spécificité et
sur lequel ce groupe s'appuie pour formaliser sa place, sa
révolte
et ses revendications.
Fort
de ce constat, le groupe homosexuel et bisexuel s'adresse
aujourd'hui à nous sur la révolution conceptuelle
de l'identité que nous (le "nous" des trans')
menons et plus précisément sur les expressions
du genre et de l'identité de genre. Disons-le en seul
mot, ces groupes sont vivement intéréssés
par ce que le groupe trans', dans toute sa diversité apporte
en terme de vécu, de fluidité des genres, d'invention
de nouvelles identités et de reconceptualisation des
identités. La sortie du binarisme traditionnel intrigue
et surtout intéresse tout le monde.
Nous
avons été invités un peu partout en
Paca à des débats pour échanger ces
savoirs…
Les Courts SC
Nous
avons diffusé 7 de nos courts au
bar associatif les Drôles de Dames avant la diffusion
de la 10e Nuit Gai de Canal Plus : 1/ SC's Project (inédit,
présentation
de SC),
2/ Le
kissing, 3/ Je suis un Hom ?! (inédit,
prochainement disponible sur le net), 4/ Cadavre
Exquis du Salagou, 5/ T'es qui toi ? (format .mov,
format .wmv)
6/ Manif
pour la Pologne, 7/ Gare aux trans ! (inédit,
prochainement disponible sur le net).
Des
retours
positifs et des personnes ont regretté que cette
diffusion ne soit pas suivie d'un débat.
Débat : Autour
de la transidentité
Nous
avons filmé le débat
et un DVD sera prochainement disponible sur le site. Par
ailleurs nous mettrons en ligne le fichier audio de cette
intervention. En attendant voici la trame de nos interventions à titre
indicatif.
Au regard des documents audio-vidéo on constatera quelques
changements en cours de débat.
Karine :
Présentation de l'association. Pourquoi
cette visibilité. Nous sommes des trans'. Les trans
parlent pour les trans. Présentation des thèmes
du débat et des trois intervenantEs.
Maud :
La
visibilité du
T
L’intégration du T dans le monde LGB est actuellement
sur le point d’être globalement accepté.
Notre travail actuel tourne autour de la confirmation de
notre visibilité et identités, s’emparer
du terrain théorique et reformuler nous-mêmes
la question transsexuelle.
Le
groupe trans’ propose le terme de transidentité pour
parler de toutes les identités trans. Nous souhaitons
faire le point en terme de relation et moins de définition.
Un
premier débat consiste à savoir si, en
gros, l’on est des hommes et femmes après la
transition, ou ex-trans ou femme-trans ou homme-trans. On
est ici encore dans un régime binaire même si
l’on a quitté l’essentialisme au sens
strict du terme.
Un nombre de plus en plus important de trans’ contestent
la validité du mode binaire (deux sexes) et cisgenre
(sexe-genre surliés), apte à répondre à notre
problématique pour construire un mode distinct.
D’autres personnes sont définitivement sorties
de l’espace binaire pour une socialité multiple
et s’inventent de nouvelles identités pour une
viabilité de leur existence telle qu’elle est.
Par
ailleurs, une extraordinaire visibilité des trans
gay, bi, lesbiennes et pansexuelle se fait jour et propose
une fluidité permanente dans cet espace de socialité multiple
où se mêlent transsexualisme, identité trans
et orientation sexuelle de manière inédite.
L’examen du débat théorique
Pour
aller au plus court, le transsexualisme était
défini et identifié jusqu’à présent :
-
par des experts autoproclamés et des gens extérieurs
;
- au seul changement physique de sexe.
C’est désormais nous en tant que groupe social
(et non plus seulement en tant qu’individu) qui analysons,
proposons des définitions et critiquons l’appareil
d’analyse.
Pour résumer, nous nous apercevons que les gens sensés
nous aider nous ont maintenu sous un boisseau psychiatrisant à partir
du moule hétéronormé, naturalisant et
normatif.
Ce
qui nous ramène à la redéfinition
actuelle des trans dans ce que nous appelons l’autodiagnostic
et de la redéfinition des identités.
Karine
:
Note
: la partie définition est fourni à titre
d'information
Sur
le DSM-IV (Manual of
Mental Disorders)
Il
faut se souvenir que ce n'est qu'en 1973 que l'American
Psychiatric Association vota l'élimination de l'homosexualité du
DSM II*[En 1980, le terme d'homosexualité égo-dystonique
figure dans le DSM III, toute référence à l'homosexualité comme
maladie mentale disparaît en 1987 dans le DSM III R.].
Il
est nécessaire d’avoir à l’esprit
l’idée que l'historique des définitions
illustre l'évolution des mentalités.
Concernant
les définitions
du transsexualisme nous avons :
En
1953, le Dr Harry Benjamin3,4,5 [3 - Benjamin, H. Transvestism
and transsexualism. Int. J. Sex. 1953;7(1). et 4 - Benjamin,
H. Transvestism and transsexualism,. Am. J. Psychother.
1954;8:219-244. et 5 - Benjamin H. Nature and Management
of transsexualism, with a report on 31 operated cases.
Western Journal of Surgery, Obstetrics and Gynecology 1964;72:105-111.]
décrit le transsexualisme comme
une entité nosographique qui n'est ni une perversion,
ni une homosexualité et donne la définition
suivante : "Le transsexualisme est le sentiment d 'appartenir
au sexe opposé et le désir corrélatif
d'une transformation corporelle ".
En 1968, Robert Stoller définit ainsi le transsexualisme
: " Le transsexualisme est la conviction d'un sujet
biologiquement normal d'appartenir à l'autre sexe
; chez l'adulte, cette croyance s'accompagne, de nos jours,
de demandes d'interventions chirurgicale et endocrinienne
pour modifier l'apparence anatomique dans le sens de l'autre
sexe 6 " [Stoller R.J. Recherches sur l'identité sexuelle à partir
du transsexualisme. Paris, Gallimard, 1978. Collection :
connaissance de l'inconscient. 406p. La version anglaise
date de 1968.]
1980 DSM III 7[American Psychiatric Association. Diagnostic
and statistical manual of mental disorders. 3rd ed., rev
APA, Washington, D.C., 1980. ]
Le transsexualisme fait son
entrée dans DSM. Il est classé dans les troubles
psychosexuels.
A.
Sentiment d'inconfort et d'inadéquation quant à son
sexe anatomique.
B. Désir d'être débarrassé de
ses organes génitaux et de vivre comme un sujet de
l'autre sexe.
C. La perturbation a duré de façon continue
pendant au moins deux ans.
D. Absence d'ambiguïté sexuelle organique
ou d'anomalie génétique.
E. Non dû à un autre trouble mental comme
la schizophrénie.
En 1982, dans un rapport approuvé à l'unanimité par
l'Académie de médecine, le professeur Küss
définit ainsi le transsexualisme 8 [Küss R. Rapport
de la séance du 29 juin 82 à l'Académie
de médecine. :] " Sentiment profond et inébranlable
d'appartenir au sexe opposé, malgré une conformation
sans ambiguïté en rapport avec le sexe chromosomique
et besoin intense et constant de changer de sexe et d'état
civil ".
En 1987 Frohwirth, Breton et Gorceix9 [ Frohwirth C, Breton
J, Gorceix A. Les problèmes médico-juridiques
posés par le transsexualisme en 1986. A propos de
148 cas de dysphorie du genre. Ann Med Interne 1987;138(1):8-12.]
donnent les précisions suivantes : " Le transsexualisme
est une affection mentale rare qui consiste, chez un sujet
normalement constitué, en la conviction d'appartenir
au sexe opposé. Cette conviction est précoce,
permanente et inébranlable. C'est une idée
prévalante, c'est-à-dire une idée fixe
qui occupe de façon quasi permanente le champ de la
conscience et qu'il faut différencier de l'idée
délirante d'une part (le transsexualisme n'a pas les
caractères cliniques d'une psychose), et de l'idée
obsédante d'autre part (qui est ressentie comme étrangère
par le sujet qui cherche à s'en débarrasser) ".
1987 DSM III 10 [R American Psychiatric Association. Diagnostic
and statistical manual of mental disorders. 3rd ed., rev
APA, Washington, D.C., 1987.] : Le " trouble psychosexuel " disparaît
du DSM III au profit du " trouble sexuel ". Le
transsexualisme fait partie des troubles de l'identité sexuelle.
Le critère d'exclusion représenté par
la schizophrénie n'apparaît plus. Le transsexuel
souhaite être débarrassé non pas de ses " organes
génitaux " mais de ses " caractères
sexuels primaires et secondaires "
A.
Sentiment persistant d'inconfort et d'inadéquation
par rapport à son sexe désigné.
B. Désir persistant, pendant au moins deux ans,
de se débarrasser de ses caractères sexuels
primaires et secondaires, et d'acquérir les caractéristiques
du sexe opposé.
C. Le sujet a atteint l'âge de la puberté.
1994
DSM IV 11[ American Psychiatric Association. Diagnostic
and statistical manual of mental disorders. 3rd ed., rev
APA, Washington, D.C., 1994.] : ce sont les troubles de
l'identité de
genre qui sont définis dont fait partie le transsexualisme.
A.
Une identification forte et persistante avec l'autre
genre (et non simplement un désir pour ce qui
serait perçu comme un quelconque avantage culturel
d'être
de l'autre sexe). Chez l'adolescent et l'adulte, cette
perturbation se manifeste par des symptômes comme
le désir
déclaré d'être de l'autre sexe, le
fréquent
passage à l'autre sexe, le désir de vivre
ou d'être traité comme l'autre sexe, ou la
conviction qu'il ou elle a les sentiments et réactions
caractéristiques
de l'autre sexe.
B. Sentiment persistant d'inconfort avec son sexe ou un
sentiment d'inadéquation par rapport au genre désigné par
son sexe. Chez l'adolescent et l'adulte, cette perturbation
se manifeste par des symptômes comme la préoccupation
de se débarrasser de ses caractères sexuels
primaires et secondaires […] ou la croyance qu'il
ou elle est née avec une erreur de sexe.
C. Ce diagnostic n'est pas compatible avec des critères
physiques d'intersexualisme.
D. Cette perturbation est à l'origine d'une importante
détresse ou d'un handicap social, professionnel ou
dans d'autres domaines importants.
En
1996, la classification internationale des maladies de
l'OMS (CIM 10 12 [Version la plus récente (1996) de
la classification internationales des maladies.]) définit
le transsexualisme comme un désir de vivre et d'être
accepté en tant que personne appartenant au sexe opposé pendant
au moins deux ans.
Sur
la déclassification/dépsychiatrisation
Une
précision importante, contrairement à l’homosexualité,
la transidentité a un lien insécable avec la
médicalisation dans la majorité des formes
d’expression de l’identité de genre. Les
personnes transsexes par exemple, sont concernés par
l’hormonothérapie, la chirurgie de réattribution
de sexe, voire de la chirurgie esthétique pour certaines.
Les personnes transgenres sont concernées par l’hormonothérapie
et la chirurgie esthétique, mais pas toujours.
C’est le principal obstacle en l’état à la
déclassification de la transidentité du DSM
IV et probablement de la version V.
Pourquoi ?
La
complexité des différents systèmes
de santé à travers le monde.
Explication
:
Pour
sortir du DSM (la déclassification) il faudrait
mettre au point un groupe de travail international afin d’étudier
les diverses conséquences qu’un tel retrait
pourrait avoir au niveau des systèmes de santé nationaux.
Aux
Etats-Unis par exemple, les mutuelles américaines
pourraient ne plus en prendre en charge les frais médicaux.
Des systèmes de santé à la française,
pourraient voir leur sécurité sociale ne plus
prendre en charge cette médicalisation et l’estimer
comme acte de chirurgie esthétique dans le pire des
cas. On sait que réduire la transidentité a
un simple choix, à un simple parcours de chirurgie
esthétique ce serait une erreur monumentale et le
coût humain en termes de discrimination, de rejet,
d’exclusion, de précarité serait humainement
inacceptable.
La
médicalisation est nécessaire à la
majorité des personnes ne serait ce qu’en raison
de la dimension économique. As t’on le droit
de vivre parce qu’on plus d’argent qu’un,
qu’une autre ? La réponse est non bien entendu.
Parler
de la déclassification aujourd’hui revient à tirer
la sonnette d’alarme en direction de la psychiatrisation
des personnes.
La
dépsychiatrisation est avant tout un concept que
nous utilisons à des fins militantes et politiques.
Nous
concernant, nous psychiatriser revient à psychiatriser
la différence et m’inspirant de Foucault j’ajouterais
: et de donner à l’autre un statut qui l’exclut.
Et exclure c’est forcément discriminer. La dépsychiatrisation,
on nous la doit !
Qu’est-ce que la psychiatrisation de la différence
?
Quelques exemples :
-
Un protocole médical qui nous interdit le libre
choix des médecins,
- Un protocole de soin qui ne tient pas compte, dans la grande
majorité des cas, des individus en tant que tel et
qui par conséquent impose à touTes les mêmes
délais,
- La transphobie, la discrimination liée à l’expression
d’identité de genre a été rejetée
par le projet de loi contre les discriminations (Hald),
- On ne discrimine pas les fous on les soigne !
- Les crimes transphobes ne sont pas réprimés
comme tel !
- Les agressions verbales dont la plupart entrent d’ailleurs
dans le champ de l’homophobie (travelos, folles,
pédés,
barges, malades mentaux, pervers…) ne sont donc
pas reconnues par la société et ses institutions
censées protéger ses membres,
- Les discriminations professionnelles qui ne disent pas
leur nom et qui forcent des personnes à la démission
et par ricochet à l’exclusion, la précarisation
qui on le sait peuvent avoir pour conséquences la
prostitution et une exposition accrue au VIH entre autres
MST, sans parler des risques d’agressions qui peuvent
aller jusqu’au crime sauvage,
- Le stéréotype social transmis culturellement
par les sociétés occidentales qui vont jusqu’à opérer
des nourrissons intersexués à la naissance
pour qu’ils répondent à l’injonction
: il n’y a que deux sexes, il n’y a que deux
genres. Un moratoire concernant les intersexes est en vigueur
dans une partie des Etats-Unis. Il n’est pas rare de
retrouver une personne opérée à la naissance
se retrouver dans un parcours transsexes à l’adolescence
ou l’âge adulte car le sexe choisi pour lui n’était
apparemment pas le bon de toute évidence.
Exiger
la dépsychiatrisation c’est notre expression
du refus de cette différence qui nous imposée
et qui nous confère un statut qui nous exclut et autorise
la discrimination dont nous pouvons être victime à l’échelle
d’une vie entière.
Tom
:
Trans’ = Transgenre
+ Transsexe Transsexe = changement de sexe Transgenre = sans opération
génitale pour résumer, mais c’est
plus compliqué que cela.
Pour les trans’, dans tout les cas, il s’agit
d’identité. Intersexe = tout ce qui est compris
anatomiquement entre le mâle et la femelle (continuum entre les 2 extrèmes qui sont une
majorité, pas une “norme”.
Qu’est-ce qu’un
homme, qu’est-ce qu’une femme? Qu’est-ce qui fait l’identité féminine
ou masculine? Qu’est-ce qui fait qu’il
y a des personnes qui ne se retrouvent pas dans ce
schéma binaire des genres et sexes? Qu’est-ce
qui fait tout ça alors qu’en réalité,
il existe un continuum entre mâle et femelle
et un croisement entre féminité et
masculinité? Il n’y a pas que deux sexes
et il n’y a pas que deux genres. C’est
ce que nous apprennent les trans’ (transsexes,
transgenres) et les intersexes.
Schéma binaire des
genres et sexes
La société occidentale s'est organisée
sur deux sexes biologiques majoritaires (mâle,
femelle) auxquels elle a fait correspondre deux sexes
social (homme, femme), puis deux genres (masculin,
féminin). Cette organisation sexuée
autour de la procréation a produit une société hétérocentrée
et hétéronormative au service des hommes.
Toute personne qui ne correspond pas à ce
classement sexué et ne rentre pas dans le
rôle correspondant se voit marginalisée,
exclue de la société.
L'exemple des intersexes est assez éloquent.
Avant que les techniques modernes de la chirurgie
le permettent, on leur demandait de choisir un sexe
et de s'y tenir sous peine d'être brûlé vif.
Pourquoi la plupart des Lesbiennes, Gays, Bis, Trans’ et
Intersexes ne se retrouvent pas dans ce schéma
binaire des genres, sexes et des sexualités?
Continuum
entre mâle et femelle
Dès la fécondation, le sexe chromosomique
est connu. Un programme va s'exécuter afin
de donner une anatomie mâle ou femelle. Durant
ce programme, des croisements, au sens de carrefour,
vont permettre l'orientation vers l'un des pôles
extrêmes du spectre de sexuation (mâle
ou femelle). Le programme sous l'action de divers
facteurs, (que ce soit des hormones, des médicament
pris par la mère, la pollution, des gène(s)
ayant un fonctionnement atypique, etc.), peut prendre
une direction ou l'autres à plusieurs reprises
durant son déroulement. C'est ce qui permet
ce contiuum entre mâle et femelle.
Les formules chromosomiques du sexe sont nombreuses.
Pour illustrer mon propos, voyons celles que l'on
trouve chez les humains:
Un ovule peut contenir un chromosome X, plus rarement
2 ou 3.
Un spermatozoïde peut contenir un chromosome
Y, un chromosome X, 2 chromosomes Y, 2 X, 2 Y,
3 Y ou aucun chromosome sexuel.
Imaginez
un tableau à 3 colonnes (X, XX et
XXX) pour l’ovule, et à 6 lignes (Y,
X, YY, XX, YYY et 0) pour le spermatozoïde.
Vous complétez les possibilités des
entêtes de lignes et de colonnes et vous obtenez
3 x 6 = 18 formules possibles.
Si on inclue les mosaïques (dont je parlerais
plus loin): 18 x 18 = 324 combinaisons possibles.
Même si ces cas de figures sont rares, voire
très rares, on est très loin de 2 sexes!
Ces mêmes variations sont observées
sur les plans anatomiques, gonadiques, hormonaux,
biologiques.
Les cas mosaïques, est celui de deux oeufs
fécondés de sexes chromosomiques différents
qui fusionnent avant la formation du placenta, formant
ainsi un embryon “mosaïque” ayant
deux compositions chromosomiques différentes
selon les parties du corps. A un endroit le caryotype
sera XY, à un autre il sera XX. Il existe
aussi des combinaisons “mosaïque” de
caryotypes rares comme la combinaison de Klinefelter
avec Turner. Toutes les variétés sont
possibles mais elles ne sont pas toujours repérables
et les pistes sont brouillées du fait que
l'un des aspects peut prédominer à un
moment de la vie et un autre aspect peut prédominer à un
autre moment.
Pourquoi penser qu'il s'agit de malformations
plutôt
que de tentatives d'évolution plus ou moins
bien réussies de la “nature”!
Penser “malformation”, c'est penser l'autre
mauvais ou sa différence non souhaitable,
voir à éradiquer. C'est un jugement
de valeur et un jugement moral.
Au moins 1 enfant sur 2000 est concerné par
ces états intersexués, ce qui est une
proportion non négligeable.
Les interventions précoces sur le sexe d'un
enfant intersexe devrait être absolument réservées à la
préservation de sa vie et l'amélioration
notable de son bien-être physique.
Croisement entre les genres
(féminité et
masculinité)
Le genre est culturel et social, c'est ce qui est
attribué culturellement au féminin
et au masculin. Le masculin et le féminin
ne sont pas les deux extrêmes d'une même échelle,
il s'agit de deux échelles différentes
qui sont présentes à des degrés
variables chez chacun de nous. En général,
une femme est plus féminine que masculine
et un homme est plus masculin que féminin
mais une femme n'est pas forcément féminine
et un homme n'est pas forcément masculin.
Chez chaque individu, la féminité cohabite
plus ou moins avec la masculinité. Les niveaux
de masculinité et féminité varient,
fluctuent plus ou moins au cours du temps en chacun
de nous en fonction des événements,
des sentiments, des émotions que nous vivons.
De même, nous exprimons plus ou moins ces féminité et
masculinité dans notre façon d'être,
notre comportement (façon de marcher, de parler...),
notre apparence (vêtements, soins du corps...).
Tout en étant fluctuante, une des composantes
du genre peut généralement dominer:
féminin, masculin, androgyne (qui est une
sorte d'équilibre entre le masculin et le
féminin) et neutre (qaui est une absence ou
quasi-absence de masculin et de féminin).
Sandra BEM (1974) a décrit ces quatre formes
de genres, mais la variété des combinaisons
des genres (niveau du masculin et du féminin),
fait écho à la variété des
sexes biologiques et génétiques. L'identité de
genre est le fait de se sentir féminin, masculin,
androgyne ou neutre.
Nous avons donc une variété des
sexes, des genres et, en conséquence, des
attirances amoureuses et sexuelles qui ne se limitent
pas à 4: hétérosexuel, homosexuel
(gay ou lesbienne), bisexuel, ou asexuel.
Ce que nous apportent les
minorités
de sexe et de genre
Ils nous permettent d'interroger des catégories
que l'universalité à la française
a oublié: la différence des sexes,
des genres et des attirances amoureuses et sexuelles.
C'est ce qui fait que l'on parle de droits de l'Homme
en français au lieu de droits humains. Les
femmes ont été oubliées, niées
comme personnes à part entière, ce
qui a fait le terreau du sexisme. Le sexisme n'a
pas de sens, idem pour l'homophobie et la transphobie.
Il en a encore moins quand on comprend qu'il n'y
a pas que 2 sexes, 2 genres, 2 attirances amoureuses
et sexuelles.
Le sexe psychologique est ininterrogé par
les non-trans’ ou non-intersexes parce que
les personnes s'appuient sur leur sexe anatomique
pour définir leur identité. Il n'y
a que quand un décalage, une discordance entraîne
un mal-être suffisamment important que ce questionnement
a lieu. Si le sexe psychologique n'était pas
une donnée masquée et qu'il était
questionné au même niveau que l'attirance
amoureuse et sexuelle (orientation sexuelle), nous
serions surpris par la fréquence de la fragilité et
de la fluctuation de certaines identités.
Le sexe psychologique, l'identité de genre
et l'attirance amoureuse et sexuelle non conformes à une
société bisexuée (biologiquement
et socialement), bigenrée et hétéronormative
ne sont pas pathologiques. Ils s'expriment d'une
façon douloureuse juste à cause de
l'étroitesse et de la pauvreté des
identités et des sexes possibles dans cette
société.
Nous avons vu qu'il y a de multiples
sexes biologiques, de multiples sexes social, de
multiples genres et de multiples attirances affectives
et sexuelles. C'est ce que montrent les populations
trans’ et
intersexes.
En conséquence, cela nous amène à repenser
notre modèle de société, à concevoir
une société non plus binaire mais multiple.
Le monde n'est pas noir ou blanc, bon ou mauvais
mais en couleurs avec plein de nuances, et le bon
ou le mauvais (tout dépend du point de vue
où l'on se trouve) n'est qu'un reflet moralisateur
qui persiste chez beaucoup d'humains.
Psychopathologie des trans’
Il n’y a pas de psychopathologie spécifique
trans’. L’identité se développe
comme chez n’importe quel autre personne. Le
fait que cette identité ne corresponde pas à l’anatomie
n’est pas pathologique en soi.
Nous pouvons toutefois noter les
effets de la transphobie vécue et intériorisée (comme
la honte, etc.) qui entraîne une mauvaise image
de soi.
Questionnements identitaires
que traversent les personnes trans’ et
intersexes
A cause de leur aspect physique dit “normal”,
les personnes trans’ sont niées dans
leur existence même et dans ce qu'elles ressentent.
A tel point qu'elles arrivent à croire qu'elles
déraisonnent. Ainsi, toute leur enfance et
une partie de leur vie d'adulte sont gâchées.
Puis il leur faut plusieurs années, après
avoir essayé de s'adapter, pour qu'elles acceptent
leur nature et aient le courage d'effectuer leur
transition.
Suis-je normal? Suis-je fou? Suis-je
homosexuelLE? Suis-je travesti? Qu'est-ce que la
normalité?
Qu'est-ce qu'être un homme, une femme? Je ne
me reconnais pas dans ce corps, il ne me correspond
pas. Pourquoi je ne suis pas un garçon/homme,
une fille/femme? Pourquoi je ne peux pas porter tel
vêtement, avoir tel jouet? A l'école,
pourquoi il faut que j'aille avec les filles (ou
les garçons)? Je voudrai rester avec les filles
(ou les garçons)... Pourquoi les autres enfants
(parfois les enseignants) se moquent de moi? Pourquoi
je me sens si différent?
Ce questionnement peut être permanent, voire
envahissant et bloquer tout le fonctionnement cognitif
d'où de nombreux échecs scolaires,
des difficultés à conserver un emploi
stable.
La souffrance qui découle de cette dichotomie
entre le corps et l'identité est variable
d'un individu à l'autre. Le retentissement
sur la vie est proportionnel à la souffrance
vécue, ce qui en rend l'évaluation
possible (relations familiales, sociales et professionnelles,
niveau d'étude...).
Les personnes font souvent des tentatives
variées
d'assumer leur corps et leur sexe, comme faire un
sport ou un métier typique du sexe d'assignation à la
naissance, essayer des relations sexuelles hétérosexuelles
et homosexuelles, de fonder une famille en se mariant
et en ayant des enfants. Beaucoup se plongent dans
le travail ou dans les études afin de ne plus
penser. Toutes ces tentatives se soldent toujours
par un échec. Elles ne font que repousser
l'échéance, c'est comme reculer pour
mieux sauter. Mais ces tentatives restent utiles,
voire nécessaires à bon nombre de personnes.
Cela leur permet de se conforter si nécessaire
dans leur sentiment identitaire. Cela est aussi dû au
fait que ce questionnement ne peut pas être
posé pendant l'enfance quand il est présent.
Malheureusement, il n'y a toujours pas de possibilité de
consultation spécialisée sur ce sujet
dédiée aux enfants et adolescentEs.
Bien qu'elles aient conscience de
leur sexe anatomique, des personnes me disent ne
pas savoir si elles se sentent appartenir au groupe
de femmes ou au groupe des hommes, ou bien se sentir
tantôt femme,
tantôt homme. D'autres personnes doutent de
leur sexe psychologique parce qu'elles ne se sentent
pas en concordance avec les stéréotypes
liés aux genres. Elles disent ne pas se sentir
assez féminines pour une femme ou pas assez
masculines pour un homme, ou elles disent être
trop masculines pour une femme ou trop féminines
pour un homme. Elles disent aussi se sentir en décalage
sur le ressenti de féminité/masculinité par
rapport à leur sexe anatomique. Pour elles,
ne pas être assez féminine par rapport
aux stéréotypes de genres, c'est peut-être
ne pas être une femme, ou ne pas être
assez masculin par rapport aux stéréotypes
de genres, c'est peut-être ne pas être
un homme. Parce qu'elles pensent que leur identité de
genre ne correspond pas aux stéréotypes
de genres, elles doutent de leur sexe psychologique.
Cela peut entraîner une souffrance, et dans
ce cas il est utile de proposer une aide psychologique.
Du fait qu'il y a un manque de liberté et
de recul par rapport à ces stéréotypes
qui sont des constructions sociales, il faut aider à prendre
conscience qu'une femme ou qu'un homme n'a pas besoin
de coller aux stéréotypes sociaux pour être
une femme ou un homme. La thérapie consiste à démonter
une fabrication sociale.
Les
différences
qui pourrons être constatées découlent
de notre adaptation au type de public présent,
du temps disponible et de notre disponibilité intellectuelle
et émotionnelle
du moment car mener exposer les termes du débat
ce n'est jamais chose aisée.
Débats
: Révoltes et revendications
Il
y avait deux débats successifs dan la même
salle sur ce thème. Le premier concernait
les actions engagées
dans différents combats (Marie-Paule
Lolo engagée dans de nombreuses associations
LGBT, Karine Espineira et Maud Thomas pour Sans Contrefaçon,
Jean-Bernard Peyronel pour les UEEH, ainsi qu'un
répresentant de SOS
Homophobie.
Le second concernait les mouvances politiques.
Tous les partis étaient annoncés. Seuls trois d'netre-eux étaient
efgfectivement présents. A savoir Hussein Bourgi
(PS,HES), Pierre Serne (Les Verts), et Robert
Pret (Sénateur PC).
Compte
rendu de nos apports…
SOS
Homophobie nous rappelle à la réalité des
chiffres affolant de l'homophobie en Paca et de Marseille
en particulier. Il a aussi
pointé premièrement l'absence
de tissus associatif pour répondre à l'isolement
des gens, et secondairement aux agressions.
Marie-Paule
Lolo, a insisté pour sa part sur la place
des lesbiennes et de la femme en général
dans les groupes LGBT. Faisant un constat de la réalité de
la solidarité des lesbiennes à l'égard
des luttes des gais, elle déplore le deficit
de la réciprocité.
Maud
Thomas a reposé le cadre d'une sociologie
des identités
en montrant en quoi, sur le terrain de la révolte
et des revendications, les LGBT ont tout intérêt à travailler
ensemble. L'examen critique de la transidentité nous
conduisant à des questionnements transversaux,
débordant largement notre groupe pour rejoindre
les questionnements LGB pris au sens large. La reformulation
et la reconceptualisation de nos identités tiennent
autant à l'affirmation de ce que nous sommes
qu'à
la reformulation des conditions de la socialité ordinaire.
Karine
Espineira a exposé ses révoltes concernant
le protocole et la disparité de "traitement"
des questions trans en France, la
non reconnaissance de la transphobie par
la Hald, l'impossiblité d'adopter dans les
faits car la psychiatrisation avant d'être un
fait institutionnel, un fait administratif, est avant
tout sociale et culturelle. Sur
le point des revendications : ce que la grande majorité des
groupes trans' souhaitent. l'adoption au minimum des
Standards
of Care de la HBIGDA (la
version française sur le site de Tom) et
l'abolition du protocole C., le rembousement des opérations,
l'état civil,
la question des opérations des nouveaux nés intersexes,
l'état civil des transgenres
Jean-Bernard
Peyronel exposa pour sa part les grands axes de
l'édition
2006 des UEEH expliquant que l'association permettait
un échange national et intrenational entre
les différents groupes LGBT. Par ailleurs, les
choix opérés ne sont pas anodins et correspondent
au questions des différents groupes.
A
la suite de ces brefs exposés
les questions furent nombreuses et on déborda
le créneau horaires (idem pour le second débat).
Il faut noter que dans la salle un responsable politique
fit allusion à la
très
grande disparité de ton sur les revendicaton
entre les différents groupes trans se référant
aux dérappages orduriers dont auraient été aussi
victimes des responsables d'HES. Par ricochet, concernant
les propositions d'HES, nous leur fîmes part des imperfections
de ce document. Le dossier étant géré par
la Coordination Existrans, nous ne sommes pas allées
plus avant par soucis de respecter le travail de la
Coordination.
Et
les politiques …
Tous
les partis de gauche semblent à l'heure
actuelle sensibilisé aux questions LGBT. Concernant
les trans, on sent la méconnaissance du sujet
ou la crainte de bousculer les insitutions pour nous.
Les Verts et le PS considèrent nos revendications
avec plus ou moins de bonheur. On sait les imperfections
du document d'HES sur le volet psychiatrique, les
Verts quant-à eux ne retiennent pas la revendication
sur la mention du sexe sur la carte d'identité qui
a aussi une fonction statistique, de veiller à la
parité, etc.
Par
ailleurs, il a été souvent
mention des difficultés internes des questions
LGBT dans les partis politiques. Souvenons-nous des
débats du Pacs. Les affaires actuelles démontrent
combien la LGBTphobie refait vite surface en certaines
occasions.
Rien
n'est jamais définitivement acquis, rien
n'est éternel
sauf la lutte conre l'inacceptable. C'est le job
du/de la militantE …