Site mis à jour le
11 août, 2009
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salon de l'homosocialité

 

Compte rendu de la présence de SC au Salon de L'homosocialité de Marseille

Ce Salon nous aura permis de nous visibiliser en tant que trans', de porter nos revendications, de nouer des contacts avec des personnes, des associations, des militantEs et des politiques en Paca. Nous pensons particulièrement à Entre Elles (06), L'Atelier de Rubens (13), Le Collectif Azuréen pour les Droits des Orientations Sexuelles (CADOS, 06), etc…
   

Au cours des échanges lors du Salon nous avons échangé avec les autres groupes sur le thème de l'Expression d'identité de genre. En gros, les homo ont effectué une révolution de l'orientation sexuelle, les trans effectuent aujourd'hui la révolution de l'identité de genre. Chaque groupe semblant avoir trouvé un "créneau" propre à sa spécificité et sur lequel ce groupe s'appuie pour formaliser sa place, sa révolte et ses revendications.

Fort de ce constat, le groupe homosexuel et bisexuel s'adresse aujourd'hui à nous sur la révolution conceptuelle de l'identité que nous (le "nous" des trans') menons et plus précisément sur les expressions du genre et de l'identité de genre. Disons-le en seul mot, ces groupes sont vivement intéréssés par ce que le groupe trans', dans toute sa diversité apporte en terme de vécu, de fluidité des genres, d'invention de nouvelles identités et de reconceptualisation des identités. La sortie du binarisme traditionnel intrigue et surtout intéresse tout le monde.
Nous avons été invités un peu partout en Paca à des débats pour échanger ces savoirs…
   
Les Courts SC  

Nous avons diffusé 7 de nos courts au bar associatif les Drôles de Dames avant la diffusion de la 10e Nuit Gai de Canal Plus : 1/ SC's Project (inédit, présentation de SC), 2/ Le kissing, 3/ Je suis un Hom ?! (inédit, prochainement disponible sur le net), 4/ Cadavre Exquis du Salagou, 5/ T'es qui toi ? (format .mov, format .wmv) 6/ Manif pour la Pologne, 7/ Gare aux trans ! (inédit, prochainement disponible sur le net).

Des retours positifs et des personnes ont regretté que cette diffusion ne soit pas suivie d'un débat.
   
Débat : Autour de la transidentité
Nous avons filmé le débat et un DVD sera prochainement disponible sur le site. Par ailleurs nous mettrons en ligne le fichier audio de cette intervention. En attendant voici la trame de nos interventions à titre indicatif. Au regard des documents audio-vidéo on constatera quelques changements en cours de débat.
 
Karine :
 
Présentation de l'association. Pourquoi cette visibilité. Nous sommes des trans'. Les trans parlent pour les trans. Présentation des thèmes du débat et des trois intervenantEs.
 
Maud :
 

La visibilité du T

L’intégration du T dans le monde LGB est actuellement sur le point d’être globalement accepté.
Notre travail actuel tourne autour de la confirmation de notre visibilité et identités, s’emparer du terrain théorique et reformuler nous-mêmes la question transsexuelle.

Le groupe trans’ propose le terme de transidentité pour parler de toutes les identités trans. Nous souhaitons faire le point en terme de relation et moins de définition.

Un premier débat consiste à savoir si, en gros, l’on est des hommes et femmes après la transition, ou ex-trans ou femme-trans ou homme-trans. On est ici encore dans un régime binaire même si l’on a quitté l’essentialisme au sens strict du terme.
Un nombre de plus en plus important de trans’ contestent la validité du mode binaire (deux sexes) et cisgenre (sexe-genre surliés), apte à répondre à notre problématique pour construire un mode distinct.

D’autres personnes sont définitivement sorties de l’espace binaire pour une socialité multiple et s’inventent de nouvelles identités pour une viabilité de leur existence telle qu’elle est.

Par ailleurs, une extraordinaire visibilité des trans gay, bi, lesbiennes et pansexuelle se fait jour et propose une fluidité permanente dans cet espace de socialité multiple où se mêlent transsexualisme, identité trans et orientation sexuelle de manière inédite.

L’examen du débat théorique

Pour aller au plus court, le transsexualisme était défini et identifié jusqu’à présent :

- par des experts autoproclamés et des gens extérieurs ;
- au seul changement physique de sexe.

C’est désormais nous en tant que groupe social (et non plus seulement en tant qu’individu) qui analysons, proposons des définitions et critiquons l’appareil d’analyse.
Pour résumer, nous nous apercevons que les gens sensés nous aider nous ont maintenu sous un boisseau psychiatrisant à partir du moule hétéronormé, naturalisant et normatif.

Ce qui nous ramène à la redéfinition actuelle des trans dans ce que nous appelons l’autodiagnostic et de la redéfinition des identités.

 
Karine :
Note : la partie définition est fourni à titre d'information

Sur le DSM-IV (Manual of Mental Disorders)

Il faut se souvenir que ce n'est qu'en 1973 que l'American Psychiatric Association vota l'élimination de l'homosexualité du DSM II*[En 1980, le terme d'homosexualité égo-dystonique figure dans le DSM III, toute référence à l'homosexualité comme maladie mentale disparaît en 1987 dans le DSM III R.].

Il est nécessaire d’avoir à l’esprit l’idée que l'historique des définitions illustre l'évolution des mentalités.

Concernant les définitions du transsexualisme nous avons :

En 1953, le Dr Harry Benjamin3,4,5 [3 - Benjamin, H. Transvestism and transsexualism. Int. J. Sex. 1953;7(1). et 4 - Benjamin, H. Transvestism and transsexualism,. Am. J. Psychother. 1954;8:219-244. et 5 - Benjamin H. Nature and Management of transsexualism, with a report on 31 operated cases. Western Journal of Surgery, Obstetrics and Gynecology 1964;72:105-111.] décrit le transsexualisme comme une entité nosographique qui n'est ni une perversion, ni une homosexualité et donne la définition suivante : "Le transsexualisme est le sentiment d 'appartenir au sexe opposé et le désir corrélatif d'une transformation corporelle ".

En 1968, Robert Stoller définit ainsi le transsexualisme : " Le transsexualisme est la conviction d'un sujet biologiquement normal d'appartenir à l'autre sexe ; chez l'adulte, cette croyance s'accompagne, de nos jours, de demandes d'interventions chirurgicale et endocrinienne pour modifier l'apparence anatomique dans le sens de l'autre sexe 6 " [Stoller R.J. Recherches sur l'identité sexuelle à partir du transsexualisme. Paris, Gallimard, 1978. Collection : connaissance de l'inconscient. 406p. La version anglaise date de 1968.]

1980 DSM III 7[American Psychiatric Association. Diagnostic and statistical manual of mental disorders. 3rd ed., rev APA, Washington, D.C., 1980. ] Le transsexualisme fait son entrée dans DSM. Il est classé dans les troubles psychosexuels.

A. Sentiment d'inconfort et d'inadéquation quant à son sexe anatomique.
B. Désir d'être débarrassé de ses organes génitaux et de vivre comme un sujet de l'autre sexe.
C. La perturbation a duré de façon continue pendant au moins deux ans.
D. Absence d'ambiguïté sexuelle organique ou d'anomalie génétique.
E. Non dû à un autre trouble mental comme la schizophrénie.


En 1982, dans un rapport approuvé à l'unanimité par l'Académie de médecine, le professeur Küss définit ainsi le transsexualisme 8 [Küss R. Rapport de la séance du 29 juin 82 à l'Académie de médecine. :] " Sentiment profond et inébranlable d'appartenir au sexe opposé, malgré une conformation sans ambiguïté en rapport avec le sexe chromosomique et besoin intense et constant de changer de sexe et d'état civil ".

En 1987 Frohwirth, Breton et Gorceix9 [ Frohwirth C, Breton J, Gorceix A. Les problèmes médico-juridiques posés par le transsexualisme en 1986. A propos de 148 cas de dysphorie du genre. Ann Med Interne 1987;138(1):8-12.] donnent les précisions suivantes : " Le transsexualisme est une affection mentale rare qui consiste, chez un sujet normalement constitué, en la conviction d'appartenir au sexe opposé. Cette conviction est précoce, permanente et inébranlable. C'est une idée prévalante, c'est-à-dire une idée fixe qui occupe de façon quasi permanente le champ de la conscience et qu'il faut différencier de l'idée délirante d'une part (le transsexualisme n'a pas les caractères cliniques d'une psychose), et de l'idée obsédante d'autre part (qui est ressentie comme étrangère par le sujet qui cherche à s'en débarrasser) ".

1987 DSM III 10 [R American Psychiatric Association. Diagnostic and statistical manual of mental disorders. 3rd ed., rev APA, Washington, D.C., 1987.] : Le " trouble psychosexuel " disparaît du DSM III au profit du " trouble sexuel ". Le transsexualisme fait partie des troubles de l'identité sexuelle. Le critère d'exclusion représenté par la schizophrénie n'apparaît plus. Le transsexuel souhaite être débarrassé non pas de ses " organes génitaux " mais de ses " caractères sexuels primaires et secondaires "

A. Sentiment persistant d'inconfort et d'inadéquation par rapport à son sexe désigné.
B. Désir persistant, pendant au moins deux ans, de se débarrasser de ses caractères sexuels primaires et secondaires, et d'acquérir les caractéristiques du sexe opposé.
C. Le sujet a atteint l'âge de la puberté.

1994 DSM IV 11[ American Psychiatric Association. Diagnostic and statistical manual of mental disorders. 3rd ed., rev APA, Washington, D.C., 1994.] : ce sont les troubles de l'identité de genre qui sont définis dont fait partie le transsexualisme.

A. Une identification forte et persistante avec l'autre genre (et non simplement un désir pour ce qui serait perçu comme un quelconque avantage culturel d'être de l'autre sexe). Chez l'adolescent et l'adulte, cette perturbation se manifeste par des symptômes comme le désir déclaré d'être de l'autre sexe, le fréquent passage à l'autre sexe, le désir de vivre ou d'être traité comme l'autre sexe, ou la conviction qu'il ou elle a les sentiments et réactions caractéristiques de l'autre sexe.
B. Sentiment persistant d'inconfort avec son sexe ou un sentiment d'inadéquation par rapport au genre désigné par son sexe. Chez l'adolescent et l'adulte, cette perturbation se manifeste par des symptômes comme la préoccupation de se débarrasser de ses caractères sexuels primaires et secondaires […] ou la croyance qu'il ou elle est née avec une erreur de sexe.
C. Ce diagnostic n'est pas compatible avec des critères physiques d'intersexualisme.
D. Cette perturbation est à l'origine d'une importante détresse ou d'un handicap social, professionnel ou dans d'autres domaines importants.

En 1996, la classification internationale des maladies de l'OMS (CIM 10 12 [Version la plus récente (1996) de la classification internationales des maladies.]) définit le transsexualisme comme un désir de vivre et d'être accepté en tant que personne appartenant au sexe opposé pendant au moins deux ans.

Sur la déclassification/dépsychiatrisation

Une précision importante, contrairement à l’homosexualité, la transidentité a un lien insécable avec la médicalisation dans la majorité des formes d’expression de l’identité de genre. Les personnes transsexes par exemple, sont concernés par l’hormonothérapie, la chirurgie de réattribution de sexe, voire de la chirurgie esthétique pour certaines. Les personnes transgenres sont concernées par l’hormonothérapie et la chirurgie esthétique, mais pas toujours.

C’est le principal obstacle en l’état à la déclassification de la transidentité du DSM IV et probablement de la version V.

Pourquoi ?

La complexité des différents systèmes de santé à travers le monde.

Explication :

Pour sortir du DSM (la déclassification) il faudrait mettre au point un groupe de travail international afin d’étudier les diverses conséquences qu’un tel retrait pourrait avoir au niveau des systèmes de santé nationaux.

Aux Etats-Unis par exemple, les mutuelles américaines pourraient ne plus en prendre en charge les frais médicaux. Des systèmes de santé à la française, pourraient voir leur sécurité sociale ne plus prendre en charge cette médicalisation et l’estimer comme acte de chirurgie esthétique dans le pire des cas. On sait que réduire la transidentité a un simple choix, à un simple parcours de chirurgie esthétique ce serait une erreur monumentale et le coût humain en termes de discrimination, de rejet, d’exclusion, de précarité serait humainement inacceptable.

La médicalisation est nécessaire à la majorité des personnes ne serait ce qu’en raison de la dimension économique. As t’on le droit de vivre parce qu’on plus d’argent qu’un, qu’une autre ? La réponse est non bien entendu.

Parler de la déclassification aujourd’hui revient à tirer la sonnette d’alarme en direction de la psychiatrisation des personnes.

La dépsychiatrisation est avant tout un concept que nous utilisons à des fins militantes et politiques.

Nous concernant, nous psychiatriser revient à psychiatriser la différence et m’inspirant de Foucault j’ajouterais : et de donner à l’autre un statut qui l’exclut. Et exclure c’est forcément discriminer. La dépsychiatrisation, on nous la doit !

Qu’est-ce que la psychiatrisation de la différence ?

Quelques exemples :

- Un protocole médical qui nous interdit le libre choix des médecins,
- Un protocole de soin qui ne tient pas compte, dans la grande majorité des cas, des individus en tant que tel et qui par conséquent impose à touTes les mêmes délais,
- La transphobie, la discrimination liée à l’expression d’identité de genre a été rejetée par le projet de loi contre les discriminations (Hald),
- On ne discrimine pas les fous on les soigne !
- Les crimes transphobes ne sont pas réprimés comme tel !
- Les agressions verbales dont la plupart entrent d’ailleurs dans le champ de l’homophobie (travelos, folles, pédés, barges, malades mentaux, pervers…) ne sont donc pas reconnues par la société et ses institutions censées protéger ses membres,
- Les discriminations professionnelles qui ne disent pas leur nom et qui forcent des personnes à la démission et par ricochet à l’exclusion, la précarisation qui on le sait peuvent avoir pour conséquences la prostitution et une exposition accrue au VIH entre autres MST, sans parler des risques d’agressions qui peuvent aller jusqu’au crime sauvage,
- Le stéréotype social transmis culturellement par les sociétés occidentales qui vont jusqu’à opérer des nourrissons intersexués à la naissance pour qu’ils répondent à l’injonction : il n’y a que deux sexes, il n’y a que deux genres. Un moratoire concernant les intersexes est en vigueur dans une partie des Etats-Unis. Il n’est pas rare de retrouver une personne opérée à la naissance se retrouver dans un parcours transsexes à l’adolescence ou l’âge adulte car le sexe choisi pour lui n’était apparemment pas le bon de toute évidence.

Exiger la dépsychiatrisation c’est notre expression du refus de cette différence qui nous imposée et qui nous confère un statut qui nous exclut et autorise la discrimination dont nous pouvons être victime à l’échelle d’une vie entière.

Tom :
 

Trans’ = Transgenre + Transsexe
Transsexe = changement de sexe
Transgenre = sans opération génitale pour résumer, mais c’est plus compliqué que cela.
Pour les trans’, dans tout les cas, il s’agit d’identité.
Intersexe = tout ce qui est compris anatomiquement entre le mâle et la femelle (continuum entre les 2 extrèmes qui sont une majorité, pas une “norme”.

Qu’est-ce qu’un homme, qu’est-ce qu’une femme?
Qu’est-ce qui fait l’identité féminine ou masculine? Qu’est-ce qui fait qu’il y a des personnes qui ne se retrouvent pas dans ce schéma binaire des genres et sexes? Qu’est-ce qui fait tout ça alors qu’en réalité, il existe un continuum entre mâle et femelle et un croisement entre féminité et masculinité? Il n’y a pas que deux sexes et il n’y a pas que deux genres. C’est ce que nous apprennent les trans’ (transsexes, transgenres) et les intersexes.

Schéma binaire des genres et sexes
La société occidentale s'est organisée sur deux sexes biologiques majoritaires (mâle, femelle) auxquels elle a fait correspondre deux sexes social (homme, femme), puis deux genres (masculin, féminin). Cette organisation sexuée autour de la procréation a produit une société hétérocentrée et hétéronormative au service des hommes. Toute personne qui ne correspond pas à ce classement sexué et ne rentre pas dans le rôle correspondant se voit marginalisée, exclue de la société.
L'exemple des intersexes est assez éloquent. Avant que les techniques modernes de la chirurgie le permettent, on leur demandait de choisir un sexe et de s'y tenir sous peine d'être brûlé vif.
Pourquoi la plupart des Lesbiennes, Gays, Bis, Trans’ et Intersexes ne se retrouvent pas dans ce schéma binaire des genres, sexes et des sexualités?

Continuum entre mâle et femelle
Dès la fécondation, le sexe chromosomique est connu. Un programme va s'exécuter afin de donner une anatomie mâle ou femelle. Durant ce programme, des croisements, au sens de carrefour, vont permettre l'orientation vers l'un des pôles extrêmes du spectre de sexuation (mâle ou femelle). Le programme sous l'action de divers facteurs, (que ce soit des hormones, des médicament pris par la mère, la pollution, des gène(s) ayant un fonctionnement atypique, etc.), peut prendre une direction ou l'autres à plusieurs reprises durant son déroulement. C'est ce qui permet ce contiuum entre mâle et femelle.
Les formules chromosomiques du sexe sont nombreuses. Pour illustrer mon propos, voyons celles que l'on trouve chez les humains:
Un ovule peut contenir un chromosome X, plus rarement 2 ou 3.
Un spermatozoïde peut contenir un chromosome Y, un chromosome X, 2 chromosomes Y, 2 X, 2 Y, 3 Y ou aucun chromosome sexuel.

xy

Imaginez un tableau à 3 colonnes (X, XX et XXX) pour l’ovule, et à 6 lignes (Y, X, YY, XX, YYY et 0) pour le spermatozoïde. Vous complétez les possibilités des entêtes de lignes et de colonnes et vous obtenez 3 x 6 = 18 formules possibles.
Si on inclue les mosaïques (dont je parlerais plus loin): 18 x 18 = 324 combinaisons possibles.
Même si ces cas de figures sont rares, voire très rares, on est très loin de 2 sexes!

Ces mêmes variations sont observées sur les plans anatomiques, gonadiques, hormonaux, biologiques.

Les cas mosaïques, est celui de deux oeufs fécondés de sexes chromosomiques différents qui fusionnent avant la formation du placenta, formant ainsi un embryon “mosaïque” ayant deux compositions chromosomiques différentes selon les parties du corps. A un endroit le caryotype sera XY, à un autre il sera XX. Il existe aussi des combinaisons “mosaïque” de caryotypes rares comme la combinaison de Klinefelter avec Turner. Toutes les variétés sont possibles mais elles ne sont pas toujours repérables et les pistes sont brouillées du fait que l'un des aspects peut prédominer à un moment de la vie et un autre aspect peut prédominer à un autre moment.

Pourquoi penser qu'il s'agit de malformations plutôt que de tentatives d'évolution plus ou moins bien réussies de la “nature”! Penser “malformation”, c'est penser l'autre mauvais ou sa différence non souhaitable, voir à éradiquer. C'est un jugement de valeur et un jugement moral.

Au moins 1 enfant sur 2000 est concerné par ces états intersexués, ce qui est une proportion non négligeable.

Les interventions précoces sur le sexe d'un enfant intersexe devrait être absolument réservées à la préservation de sa vie et l'amélioration notable de son bien-être physique.

Croisement entre les genres (féminité et masculinité)
Le genre est culturel et social, c'est ce qui est attribué culturellement au féminin et au masculin. Le masculin et le féminin ne sont pas les deux extrêmes d'une même échelle, il s'agit de deux échelles différentes qui sont présentes à des degrés variables chez chacun de nous. En général, une femme est plus féminine que masculine et un homme est plus masculin que féminin mais une femme n'est pas forcément féminine et un homme n'est pas forcément masculin. Chez chaque individu, la féminité cohabite plus ou moins avec la masculinité. Les niveaux de masculinité et féminité varient, fluctuent plus ou moins au cours du temps en chacun de nous en fonction des événements, des sentiments, des émotions que nous vivons.
De même, nous exprimons plus ou moins ces féminité et masculinité dans notre façon d'être, notre comportement (façon de marcher, de parler...), notre apparence (vêtements, soins du corps...). Tout en étant fluctuante, une des composantes du genre peut généralement dominer: féminin, masculin, androgyne (qui est une sorte d'équilibre entre le masculin et le féminin) et neutre (qaui est une absence ou quasi-absence de masculin et de féminin). Sandra BEM (1974) a décrit ces quatre formes de genres, mais la variété des combinaisons des genres (niveau du masculin et du féminin), fait écho à la variété des sexes biologiques et génétiques. L'identité de genre est le fait de se sentir féminin, masculin, androgyne ou neutre.

Nous avons donc une variété des sexes, des genres et, en conséquence, des attirances amoureuses et sexuelles qui ne se limitent pas à 4: hétérosexuel, homosexuel (gay ou lesbienne), bisexuel, ou asexuel.

Ce que nous apportent les minorités de sexe et de genre
Ils nous permettent d'interroger des catégories que l'universalité à la française a oublié: la différence des sexes, des genres et des attirances amoureuses et sexuelles. C'est ce qui fait que l'on parle de droits de l'Homme en français au lieu de droits humains. Les femmes ont été oubliées, niées comme personnes à part entière, ce qui a fait le terreau du sexisme. Le sexisme n'a pas de sens, idem pour l'homophobie et la transphobie. Il en a encore moins quand on comprend qu'il n'y a pas que 2 sexes, 2 genres, 2 attirances amoureuses et sexuelles.

Le sexe psychologique est ininterrogé par les non-trans’ ou non-intersexes parce que les personnes s'appuient sur leur sexe anatomique pour définir leur identité. Il n'y a que quand un décalage, une discordance entraîne un mal-être suffisamment important que ce questionnement a lieu. Si le sexe psychologique n'était pas une donnée masquée et qu'il était questionné au même niveau que l'attirance amoureuse et sexuelle (orientation sexuelle), nous serions surpris par la fréquence de la fragilité et de la fluctuation de certaines identités.

Le sexe psychologique, l'identité de genre et l'attirance amoureuse et sexuelle non conformes à une société bisexuée (biologiquement et socialement), bigenrée et hétéronormative ne sont pas pathologiques. Ils s'expriment d'une façon douloureuse juste à cause de l'étroitesse et de la pauvreté des identités et des sexes possibles dans cette société.

Nous avons vu qu'il y a de multiples sexes biologiques, de multiples sexes social, de multiples genres et de multiples attirances affectives et sexuelles. C'est ce que montrent les populations trans’ et intersexes.

En conséquence, cela nous amène à repenser notre modèle de société, à concevoir une société non plus binaire mais multiple. Le monde n'est pas noir ou blanc, bon ou mauvais mais en couleurs avec plein de nuances, et le bon ou le mauvais (tout dépend du point de vue où l'on se trouve) n'est qu'un reflet moralisateur qui persiste chez beaucoup d'humains.

Psychopathologie des trans’
Il n’y a pas de psychopathologie spécifique trans’. L’identité se développe comme chez n’importe quel autre personne. Le fait que cette identité ne corresponde pas à l’anatomie n’est pas pathologique en soi.

Nous pouvons toutefois noter les effets de la transphobie vécue et intériorisée (comme la honte, etc.) qui entraîne une mauvaise image de soi.

Questionnements identitaires que traversent les personnes trans’ et intersexes

A cause de leur aspect physique dit “normal”, les personnes trans’ sont niées dans leur existence même et dans ce qu'elles ressentent. A tel point qu'elles arrivent à croire qu'elles déraisonnent. Ainsi, toute leur enfance et une partie de leur vie d'adulte sont gâchées. Puis il leur faut plusieurs années, après avoir essayé de s'adapter, pour qu'elles acceptent leur nature et aient le courage d'effectuer leur transition.

Suis-je normal? Suis-je fou? Suis-je homosexuelLE? Suis-je travesti? Qu'est-ce que la normalité? Qu'est-ce qu'être un homme, une femme? Je ne me reconnais pas dans ce corps, il ne me correspond pas. Pourquoi je ne suis pas un garçon/homme, une fille/femme? Pourquoi je ne peux pas porter tel vêtement, avoir tel jouet? A l'école, pourquoi il faut que j'aille avec les filles (ou les garçons)? Je voudrai rester avec les filles (ou les garçons)... Pourquoi les autres enfants (parfois les enseignants) se moquent de moi? Pourquoi je me sens si différent?

Ce questionnement peut être permanent, voire envahissant et bloquer tout le fonctionnement cognitif d'où de nombreux échecs scolaires, des difficultés à conserver un emploi stable.

La souffrance qui découle de cette dichotomie entre le corps et l'identité est variable d'un individu à l'autre. Le retentissement sur la vie est proportionnel à la souffrance vécue, ce qui en rend l'évaluation possible (relations familiales, sociales et professionnelles, niveau d'étude...).

Les personnes font souvent des tentatives variées d'assumer leur corps et leur sexe, comme faire un sport ou un métier typique du sexe d'assignation à la naissance, essayer des relations sexuelles hétérosexuelles et homosexuelles, de fonder une famille en se mariant et en ayant des enfants. Beaucoup se plongent dans le travail ou dans les études afin de ne plus penser. Toutes ces tentatives se soldent toujours par un échec. Elles ne font que repousser l'échéance, c'est comme reculer pour mieux sauter. Mais ces tentatives restent utiles, voire nécessaires à bon nombre de personnes. Cela leur permet de se conforter si nécessaire dans leur sentiment identitaire. Cela est aussi dû au fait que ce questionnement ne peut pas être posé pendant l'enfance quand il est présent. Malheureusement, il n'y a toujours pas de possibilité de consultation spécialisée sur ce sujet dédiée aux enfants et adolescentEs.

Bien qu'elles aient conscience de leur sexe anatomique, des personnes me disent ne pas savoir si elles se sentent appartenir au groupe de femmes ou au groupe des hommes, ou bien se sentir tantôt femme, tantôt homme. D'autres personnes doutent de leur sexe psychologique parce qu'elles ne se sentent pas en concordance avec les stéréotypes liés aux genres. Elles disent ne pas se sentir assez féminines pour une femme ou pas assez masculines pour un homme, ou elles disent être trop masculines pour une femme ou trop féminines pour un homme. Elles disent aussi se sentir en décalage sur le ressenti de féminité/masculinité par rapport à leur sexe anatomique. Pour elles, ne pas être assez féminine par rapport aux stéréotypes de genres, c'est peut-être ne pas être une femme, ou ne pas être assez masculin par rapport aux stéréotypes de genres, c'est peut-être ne pas être un homme. Parce qu'elles pensent que leur identité de genre ne correspond pas aux stéréotypes de genres, elles doutent de leur sexe psychologique. Cela peut entraîner une souffrance, et dans ce cas il est utile de proposer une aide psychologique.
Du fait qu'il y a un manque de liberté et de recul par rapport à ces stéréotypes qui sont des constructions sociales, il faut aider à prendre conscience qu'une femme ou qu'un homme n'a pas besoin de coller aux stéréotypes sociaux pour être une femme ou un homme. La thérapie consiste à démonter une fabrication sociale.

   
Les différences qui pourrons être constatées découlent de notre adaptation au type de public présent, du temps disponible et de notre disponibilité intellectuelle et émotionnelle du moment car mener exposer les termes du débat ce n'est jamais chose aisée.
 
Débats : Révoltes et revendications

Il y avait deux débats successifs dan la même salle sur ce thème. Le premier concernait les actions engagées dans différents combats (Marie-Paule Lolo engagée dans de nombreuses associations LGBT, Karine Espineira et Maud Thomas pour Sans Contrefaçon, Jean-Bernard Peyronel pour les UEEH, ainsi qu'un répresentant de SOS Homophobie.
Le second concernait les mouvances politiques. Tous les partis étaient annoncés. Seuls trois d'netre-eux étaient efgfectivement présents. A savoir Hussein Bourgi (PS,HES), Pierre Serne (Les Verts), et Robert Pret (Sénateur PC).

Compte rendu de nos apports…

SOS Homophobie nous rappelle à la réalité des chiffres affolant de l'homophobie en Paca et de Marseille en particulier. Il a aussi pointé premièrement l'absence de tissus associatif pour répondre à l'isolement des gens, et secondairement aux agressions.

Marie-Paule Lolo, a insisté pour sa part sur la place des lesbiennes et de la femme en général dans les groupes LGBT. Faisant un constat de la réalité de la solidarité des lesbiennes à l'égard des luttes des gais, elle déplore le deficit de la réciprocité.
Maud Thomas a reposé le cadre d'une sociologie des identités en montrant en quoi, sur le terrain de la révolte et des revendications, les LGBT ont tout intérêt à travailler ensemble. L'examen critique de la transidentité nous conduisant à des questionnements transversaux, débordant largement notre groupe pour rejoindre les questionnements LGB pris au sens large. La reformulation et la reconceptualisation de nos identités tiennent autant à l'affirmation de ce que nous sommes qu'à la reformulation des conditions de la socialité ordinaire.
Karine Espineira a exposé ses révoltes concernant le protocole et la disparité de "traitement" des questions trans en France, la non reconnaissance de la transphobie par la Hald, l'impossiblité d'adopter dans les faits car la psychiatrisation avant d'être un fait institutionnel, un fait administratif, est avant tout sociale et culturelle. Sur le point des revendications : ce que la grande majorité des groupes trans' souhaitent. l'adoption au minimum des Standards of Care de la HBIGDA (la version française sur le site de Tom) et l'abolition du protocole C., le rembousement des opérations, l'état civil, la question des opérations des nouveaux nés intersexes, l'état civil des transgenres
Jean-Bernard Peyronel exposa pour sa part les grands axes de l'édition 2006 des UEEH expliquant que l'association permettait un échange national et intrenational entre les différents groupes LGBT. Par ailleurs, les choix opérés ne sont pas anodins et correspondent au questions des différents groupes.
 
A la suite de ces brefs exposés les questions furent nombreuses et on déborda le créneau horaires (idem pour le second débat). Il faut noter que dans la salle un responsable politique fit allusion à la très grande disparité de ton sur les revendicaton entre les différents groupes trans se référant aux dérappages orduriers dont auraient été aussi victimes des responsables d'HES. Par ricochet, concernant les propositions d'HES, nous leur fîmes part des imperfections de ce document. Le dossier étant géré par la Coordination Existrans, nous ne sommes pas allées plus avant par soucis de respecter le travail de la Coordination.
 
Et les politiques …

Tous les partis de gauche semblent à l'heure actuelle sensibilisé aux questions LGBT. Concernant les trans, on sent la méconnaissance du sujet ou la crainte de bousculer les insitutions pour nous. Les Verts et le PS considèrent nos revendications avec plus ou moins de bonheur. On sait les imperfections du document d'HES sur le volet psychiatrique, les Verts quant-à eux ne retiennent pas la revendication sur la mention du sexe sur la carte d'identité qui a aussi une fonction statistique, de veiller à la parité, etc.

Par ailleurs, il a été souvent mention des difficultés internes des questions LGBT dans les partis politiques. Souvenons-nous des débats du Pacs. Les affaires actuelles démontrent combien la LGBTphobie refait vite surface en certaines occasions.

Rien n'est jamais définitivement acquis, rien n'est éternel sauf la lutte conre l'inacceptable. C'est le job du/de la militantE …